Le Souffleur : érosion accélérée

Le Souffleur est plus sauvage et spectaculaire que Poste-La-Fayette ou Pomponette. Prenez la route à côté du poste de police de L’Escalier, passez sur le flanc droit de l’usine Omnicane et filez tout droit.

Un rocher enduit de peinture indique Le Souffleur. Tournez à gauche. Vous arrivez à la maison du gardien de l’établissement sucrier. Quelques mètres plus loin, derrière un mur en roche, il y a un cheptel bovin. Poursuivez votre route qui mène tout droit vers Le Souffleur.

Le Souffleur est un lieu mythique. C’est un promontoire sous lequel existait un tunnel étroit où s’engouffraient des vagues qui avaient fait éclater la paroi. À l’époque, selon les habitants de La Baraque et de L’Escalier, on entendait Le Souffleur siffler à trois kilomètres. Aujourd’hui, le tunnel est devenu un vaste entonnoir avec l’assaut incessant des vagues. La fissure en haut a grandi, avec actuellement une circonférence d’un demi-mètre.

Par conséquent, Le Souffleur ne siffle plus. Il gronde à marée haute et un jet d’eau s’y échappe. Pas souvent. Allez-y un jour de raz-de-marée ou de vent fort. Vous serez récompensés. Le raz-de-marée fait rugir Le Souffleur. Toute la paroi autour tremble comme si elle allait s’éclater.

Jadis, Le Souffleur était coupé de la côte par une mer démontée. Pour permettre au public d’y accéder, un pont fait de rochers avait été érigé. On pouvait regarder directement dans le trou qui se situe dans un creux après la masse rocheuse élevée.

Coupé de la côte, Le Souffleur était encore plus beau. Des roches provenant des champs et poussées dans le ravin l’ont quelque peu enlaidi. Petit à petit, les roches faisant office de pont ont dégringolé. Aujourd’hui, ce n’est plus possible d’aller sur le promontoire pour voir Le Souffleur sauf si vous prenez de gros risques.

Pire, dans une dizaine d’années, Le Souffleur n’existera plus. Les vagues ont creusé de si grandes cavernes dans le promontoire que toute la partie avant, attaquée par les vagues, va s’effondrer.

Certains jours, des pailles-en-queue y sont présents avec leurs vols gracieux. Et il n’y a pas que Le Souffleur à voir. Ici, les vagues se brisent directement sur les falaises. Par marée haute, elles sont encore plus grosses, encore plus rageuses, encore plus spectaculaires. Elles agressent les rochers dans un grand fracas d’écume et y ont creusé des caves. Elles font régulièrement des bruits de canon ou de pistolet.

Prenez le chemin à droite de Le Souffleur et vous descendez la côte à la même hauteur que les vagues. Le spectacle des vagues furieuses est saisissant et le littoral jalonné de rochers grignotés par les gouttelettes d’eau marine est si beau ! Mais tenez-vous à une distance respectueuse des vagues. Des personnes y ont laissé leur vie. Des filaos touffus, courbés par les rafales du Sud, vous permettent d’échapper au soleil d’été pour pique-niquer à l’ombre, en communion avec la nature. Au large, la mer est bleue !

Le Souffleur et ses environs, c’est la grande évasion dans une nature brute, l’endroit anti-stress par excellence.