Hiking Vibes : les Deux Mamelles…du bonheur
Véritable passionné des randonnées en montagne, Gaetano Jouana fait découvrir à Le Dimanche/L’Hebdo la montagne des Deux Mamelles. À 584 mètres d’altitude, le bonheur au cœur de la nature, couplé à une vue imprenable sur différentes parties de l’île est au rendez-vous.
7h 30 en ce jeudi ensoleillé du mois d’avril. Rendez-vous est pris à Quatre-Bornes. Petit cours de géographie pour commencer. Non, la montagne des Deux Mamelles ne se trouve pas tout près de la route Phoenix-Beaux-Songes ! Notre guide, Gaetano Jouana, expert de la randonnée en montagne, éclate de rire lorsque nous lui en faisons la remarque.
En sa compagnie, nous mettons le cap sur la route… Phoenix –Verdun en direction de Terre-Rouge. En moins d’une demi-heure – la circulation étant libre –, nous voilà au rond-point de Nouvelle-Découverte. Nous nous garons sur un lay-by au coin de l’autoroute Verdun–Terre-Rouge. Et c’est parti !
Sac sur le dos, nous faisons quelques pas jusqu’à une glissière en acier sur l’autoroute M3. Nous traversons un petit pont pour accéder aux champs de canne de Beau-Bois. À moins de 30 mètres, nous trouvons un cours d’eau. Notre guide explique que celui-ci fait son chemin jusqu’à la Grande-Rivière-Nord-Ouest.
Nous pressons le pas afin de pouvoir faire l’ascension des Deux Mamelles avant que les rayons du soleil ne fassent grimper la température. Sur notre route, nous observons un champ agricole, où poussent avec peine des plants de calebasse, qui semblent avoir été victimes des récentes intempéries. Puis, nous arrivons à une pente caillouteuse, où l’eau de pluie de la veille ruisselle ici et là. Gaetano Jouana nous conseille la prudence durant l’ascension pour ne pas glisser.
Pieter Both vu de près
Si le début de la montée vers les Deux Mamelles est un jeu d’enfant pour notre guide, on ne peut en dire autant pour nous. Gaetano Jouana connaît les lieux sur le bout des doigts. Une vingtaine de minutes après, il nous mène vers ce qui ressemble à une plateforme. En toile de fond, une vue imprenable sur le Pieter Both. Il s’agit, sans l’ombre d’un doute, de la plus magistrale de la rangée de montages de Moka. De loin, nous apercevons des téméraires qui ont retenu un guide pour en faire l’ascension. Aussi, un hélicoptère d’une firme spécialisée dans les excursions en plein air et en altitude qui survole la montagne.
« Allez, allez ! On continue », lance Gaetano Jouana avec un large sourire. Nous serpentons alors un sentier jusqu’à une petite entrée formée au fil du temps par les arbres. Sur une branche, nous repérons une étiquette fluorescente. Nous comprenons alors que les Deux Mamelles est un parcours du Moka Trail. Commence ainsi notre véritable aventure au cœur de la nature pour arriver en haut de cette montagne dotée de deux sommets.
Avec les arbustes comme supports, nous faisons l’ascension des Deux Mamelles. Puis, pour accéder au premier sommet, nous nous agrippons aux rochers sur une distance de 7 à 8 mètres Avis aux randonneurs : si vous avez le vertige, ne vous aventurez pas plus loin.
Nous restons concentrés, la moindre inattention peut causer des chutes inutiles. Il faut braver l’interminable série de lacets courts et abrupts. Une vingtaine de minutes après, nous arrivons à la première cime. Non, pas de crampes aux pieds. Mais le souffle coupé devant la vue sur la rangée de montagnes de Moka. Nous respirons à pleins poumons l’air frais. C’est ça, la liberté !
Assis sur un rocher, nous nous désaltérons, tandis que la chaleur fait grimper le thermomètre. Entre-temps, Gaetano Jouana nous énumère les sommets que nous apercevons au loin : les Trois Mamelles, le Morne Brabant, la Montagne Rempart, la Montagne Bambous, le Chat et la Souris, le Corps de Garde, le Pouce et le Pieter Both… Du doigt, il nous montre les îles Ronde et Coin de mire, le village de Crève-Cœur, le rond-point de Nouvelle-Découverte, Port-Louis et ses activités portiques. Nous identifions aussi les gratte-ciel à Jin Fei et Ébène.
Tout là-haut, que tout semble soudain insignifiant ! Seul importe le moment présent…
La descente
Pour le chemin du retour, Gaetano Jouanna nous conseille de le faire en nous appuyant sur les fesses. Nous l’écoutons et parvenons facilement à regagner, après 7-8 mètres, une surface plus plate. Nous empruntons le même parcours qu’au début de l’ascension pour aller vers la plateforme donnant vue sur Pieter Both.
À destination, notre guide sort de son sac un hamac. Il nous invite à y prendre place. Confortablement installés, les mains croisées derrière la tête, nous profitons de cette sérénité unique en son genre, bercés par le vent.
Infos pratiques
- Les Deux Mamelles se trouvent dans la région du village de La Laura, tout près de la montagne du Pieter Both.
- Il y a deux façons d’y accéder : à partir du village de La Laura ou par l’autoroute M3 (Verdun–Terre-Rouge) vers le rond-point de Ripailles – Nouvelle-Découverte.
- Cette montagne de moins de 600 mètres de haut à deux sommets : West Peak et East Peak.
- D’un niveau de difficulté technique 2 : l’ascension des Deux Mamelles est un parcours idéal pour les novices des randonnées en montagne.
- L’ascension du premier sommet peut se faire en moins d’une heure. Comptez environ trois heures pour les deux.
Le plein de vitamine C
Après ce plein d’énergie, nous nous redirigeons vers la pente rocailleuse. Sur notre route, des goyaviers de Chine. On ne se fait pas prier pour en déguster. Notre guide en profite pour nous faire un brin d’histoire. Les goyaves de Chine, dont la saison bat son plein en ce moment, ne sont pas originaires de Chine, comme leur nom laisse croire.
« Ce qu’on m’a raconté, c’est qu’elles sont originaires du Chili, en Amérique du Sud. Je pense que le nom du pays a été altéré de bouche-à-oreille au fil du temps et c’est ce qui fait que nous les connaissons comme étant des goyaves de Chine », dit-il. Avant de faire la comparaison avec le colfimalai. « À la base, c’est Cold Cream Ice ou encore Candy Floss qui est devenu Calamindas ! » lance-t-il dans un éclat de rire.
Le sac rempli de goyaves de Chine, nous descendons dans la bonne humeur la montagne, afin de regagner l’autoroute. #Hikingand Conquering Deux Mamelles : We nailed it!
En aparté avec Gaetano Jouana
Il a quelque chose en lui de… Huckleberry Finn. Cette aisance et cette liberté retrouvées dans la nature. Les montagnes du Pouce, Calebasses, La Porte, La Fenêtre, Piton Canot, Cocotte, Trois Mamelles, Lion… Gaetano Jouana, 38 ans, les connaît toutes.
Cela fait dix ans qu’il fait de la randonnée dans les Gorges de la Rivière-Noire, en montagne et dans la forêt. Il propose aussi ses services en tant que guide pour les coastal hikes et les river treks dans la partie sud de l’île, de Gris-Gris à Le Bouchon, sur une distance d’environ 30 kilomètres. Gaetano Jouana a également créé un parcours appelé River Trek 22 Bassins, qui se fait de Chamouny à Rivière-des-Galets dans le Sud. À ce jour, dit-il, 3 000 à 4 000 personnes ont découvert les lieux.
Référant métier pour une compagnie d’assurance à Maurice depuis neuf ans, l’habitant de Chemin-Grenier confie qu’il prend plaisir à partager avec les autres cet amour pour la nature qu’il porte en lui depuis tout petit. La randonnée, qu’il pratique quasiment tous les week-ends, lui permet d’évacuer son stress. Cette passion lui procure un sentiment de bien-être physique et mental, souligne-t-il.
« C’est en 2013 que j’ai débuté comme guide avec l’association TRAM. Nous faisons une randonnée par mois avec 30 à 100 participants et une quinzaine de guides », raconte Gaetano Jouana. En 2020 lorsqu’il quitte TRAM, il rejoint le groupe Nature Lovers, qui fait plusieurs sorties. Pas plus tard que la semaine dernière, il a fait le parcours Pétrin – Les Mares – Paille-en-Queue pour finir avec la cueillette des goyaves de Chine.
Gaetano Jouana est aussi impliqué dans la formation d’autres associations, comme la Climbing and Mountaineering Association (CMA), un club pour accompagner les amoureux de l’escalade ou encore l’Outdoor Guide Association (OGA). Celle-ci a pour objectif d’être une école de formation pour les guides et de s’atteler à la maintenance et au nettoyage des sentiers de randonnée.
Au niveau personnel, il joue au foot depuis qu’il a 10 ans et a pratiqué plusieurs disciplines. C’est toutefois dans l’athlétisme qu’il s’est perfectionné, notamment le lancer du javelot, qui lui a valu une place dans la sélection de Maurice.
Pour en savoir plus sur ce passionné, rendez-vous sur sa page Facebook : Laventir Mauzil.
Ses conseils
- « Depuis les restrictions sanitaires en raison de la Covid-19, pas mal de personnes optent pour des activités en plein air, dont les randonnées. Cependant, ce ne sont pas les meilleures photos qui font les meilleurs guides », prévient Gaetano Jouana.
- Il insiste : les randonneurs ne doivent pas s’aventurer dans les endroits dont ils ne connaissent pas le parcours. D’une part pour ne pas se perdre et d’autre part pour éviter les risques d’accidents. Il est important, souligne-t-il, d’avoir recours à des guides professionnels. Comme ces derniers font une reconnaissance des difficultés du parcours en continue, ils pourront assurer la sécurité des participants.
- « Il faut bien se renseigner sur les guides et opter pour des randonnées sécurisées. On ne peut se comporter comme bon nous semble. Il y a des paramètres à prendre en considération », indique -t-il.
Nou Pei Nou Salete pour protéger l’environnement
Gaetano Jouana porte également un intérêt à la protection de l’environnement. « De plus en plus de personnes se rendent dans la nature pour faire des randonnées. Et nous voyons en ce moment beaucoup de masques, de canettes de bière et des sachets de nourriture, qui sont laissés sur les différents parcours. Je pense qu’un effort doit être fait à titre personnel et de façon collective pour garder les lieux propres. Nous devons agir de façon responsable », martèle-t-il.
Afin de sensibiliser le plus grand nombre, il a créé la page Facebook Nou Pei Nou Salete. « Personnellement, je me rends deux fois par mois sur les parcours pour les nettoyer. J’ai aussi organisé des campagnes de nettoyage de Chamouny à Bassin-Blanc en 2021, à l’occasion du World Clean-Up Day. » De plus, avec le soutien de 20 volontaires, il s’est attelé au nettoyage des Cascades d’Eureka. Il leur a fallu une quinzaine de sacs pour entasser toutes les ordures.