De Rivière-Noire à Bel-Ombre : sanctuaire d’une biodiversité unique

Découvrez la Réserve de Biosphère des Gorges de la Rivière-Noire – Bel-Ombre, un joyau de la nature mauricienne. Reconnue depuis 1977 pour sa biodiversité unique, cette zone protégée concilie conservation et développement durable. Mickaël Apaya, Sustainability and Inclusive Development Executive du Groupe Rogers, nous en parle dans cet entretien.

Quand la région de Macchabée-Bel Ombre a-t-elle été intégrée au réseau des réserves de biosphère de l’Unesco ?
C’est en 1977 que Maurice s’est distingué parmi les premiers pays à établir une réserve de biosphère nommée la réserve de Macchabée – Bel-Ombre. En octobre 2020, le Conseil international de coordination du Programme Homme et Biosphère de l’Unesco (CIC-MAB) a validé l’extension et la modification des zones de cette réserve. En 2021, celle-ci a été étendue à la région de Bel-Ombre, et porte désormais le label Unesco Man & Biosphere Reserve (MAB).

Qu’y trouve-t-on ?
La réserve comprend une zone strictement protégée qui contribue à la conservation des paysages, des écosystèmes et de la diversité génétique des espèces. De 6 574 hectares, l’aire centrale de la biosphère correspond au Parc national des Gorges de la Rivière-Noire. Dans cette zone protégée, sous l’autorité du National Parks and Conservation Service (NPCS), seuls les projets de conservation sont permis ainsi que quelques visites éducatives pour le public.
C’est un écosystème d’une biodiversité unique, abritant les derniers vestiges de la flore et de la faune endémiques mauriciennes. D’ailleurs, il s’agit de l’une des rares forêts indigènes restante de l’île dont 98 % ont été détruites en raison des activités humaines.

Qu’est-ce qui fait sa popularité ?
Cette région est réputée pour ses paysages époustouflants et sa riche biodiversité. Il existe 670 espèces indigènes à Maurice, dont 120 se trouvent à Bel-Ombre. On y retrouve de rares spécimens indigènes et endémiques en voie de restauration grâce à la collaboration de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF). Notamment le Pigeon des Mares, la Crécerelle, la grosse Câteau verte, le Merle de Maurice, l’Oiseau à lunettes, le Bois d’Ébène et le Bois de natte entre autres.

En quoi cette Réserve de biosphère est importante pour la conservation de nos oiseaux ?
Un quart de la biodiversité mauricienne, incluant la faune et la flore, est endémique. Des oiseaux rares et uniques comme la Crécerelle mauricienne, le Pigeon Rose, la grosse Câteau verte, le Bulbul mauricien et le Coq des Bois, gravement menacés, y trouvent refuge. La réserve offre un environnement protégé et met en œuvre un programme de conservation pour sauvegarder et revitaliser ces précieuses espèces.

Par ailleurs, Rogers a créé Belombrepedia, une encyclopédie en ligne accessible à tous, dédiée à la présentation des espèces de la réserve.

Qu’est-ce que la zone tampon ?
La zone tampon correspond à une zone entourant la zone centrale de la biosphère et qui la protège des activités humaines intenses. Elle s’étend sur 497 hectares. Seules les activités écotouristiques conformes à la politique de développement durable de la biosphère sont permises. Dans cette zone, le développement est restreint, n’autorisant que des infrastructures semi-permanentes minimalistes.

Rogers, par l’intermédiaire de sa filiale Agrïa, a octroyé 75 hectares de ses terres à cette zone pour permettre la migration de la faune endémique, en particulier des oiseaux, entre le Parc national des Gorges de la Rivière-Noire et la zone côtière de Bel-Ombre, deux réservoirs de biodiversité.

Expliquez-nous la zone de transition.
C’est l’endroit où les communautés favorisent des activités économiques et humaines saines et durables, tant sur le plan socioculturel qu’environnemental. À Bel-Ombre par exemple, sur une étendue de 1 511 hectares, Rogers mène des activités agricoles à travers sa filiale Agrïa et opère également des établissements hôteliers. 26 % des salariés du groupe Rogers vivent dans la région, ce qui en fait l’employeur principal à Bel-Ombre.

L’inclusion est également une mesure importante de la zone de transition. A Bel-Ombre, à travers la Rogers Fondation, le groupe collabore avec diverses ONG. À titre d’exemple, avec le soutien de Caritas, deux repas équilibrés par jour sont offerts à une cinquantaine d’élèves de la St-François d’Assises RCA et la Bel-Ombre Government School, issus des régions de Bel-Ombre, Choisy, Baie-du-Cap et St Martin. Cette initiative a pour objectif de combattre l’absentéisme scolaire et assurer une nutrition adéquate aux enfants plus vulnérables.
C’est un exemple parmi des dizaines d’autres de l’engagement du groupe à Bel-Ombre depuis des décennies à travers ses filiales.

Quel rôle joue le village de Bel-Ombre dans ce projet ?
Autrefois, la majorité des terrains étaient sous culture de la canne à sucre. Aujourd’hui, notre zone de transition s’étend de la rive gauche de la rivière Jacotet jusqu’au village de Bel-Ombre. Elle englobe diverses activités telles que l’hôtellerie, l’agrotourisme, les loisirs, le bien-être et le golf. Bel-Ombre se situe dans l’une des régions de l’île les mieux préservées, avec un développement harmonieux et cohérent.

Quelles sont les pratiques encouragées auprès des habitants de Bel-Ombre ?
Devant l’école gouvernementale de Bel-Ombre, un jardin a été spécialement conçu par le comité qui a porté l’appellation Unesco MAB, pour sensibiliser et éduquer les jeunes élèves à l’importance de la biodiversité locale. Par ailleurs, des initiatives de conservation ont été mises en place en partenariat avec des ONG locales afin d’encourager une exploitation responsable et durable du lagon, tout en impliquant activement les communautés locales dans ces démarches.

Des initiatives pour promouvoir des stratégies durables dans la zone de transition ?
Rogers ambitionne de transformer Bel-Ombre en une référence en matière de Sustainable Tropical Art de Vivre, une région où les hommes et la nature prospèrent en harmonie tous les jours. En ce sens, le groupe Rogers a déployé plusieurs stratégies pour la zone de transition. Notamment la transformation de ses activités vers des modèles plus durables ; la restauration des écosystèmes marins ; la mise en place d’options pour que les visiteurs puissent soutenir financièrement les projets conformes aux normes du MAB ; l’approche holistique « Ridge to
Reef » ; et l’économie circulaire pour la conservation et l’utilisation durable des écosystèmes côtiers et marins ainsi que la biodiversité.

Quel est l’objectif du projet de corridor écologique ?
Pour lutter contre l’érosion des sols, nous avons déterminé un corridor le long de la rivière Jacotet, dont la réhabilitation porte sur 9,8 kilomètres. L’objectif est de former un couloir écologique favorisant la migration d’espèces endémiques et indigènes de la région. De plus, des végétaux endémiques, y compris certaines espèces menacées, sont plantées le long de la rivière. Depuis 2020, les espèces invasives sont remplacées par des plants endémiques. Nous avons pu atteindre une reforestation à ce jour de 2 000 arbres.

Quels sont résultats attendus sur le long terme ?
La réhabilitation par le reboisement contribuera à une meilleure gestion des inondations. Cela aidera à lutter contre l’érosion des sols le long des berges de la rivière. La réduction de la sédimentation qui en résultera contribuera également à promouvoir un écosystème marin dont des coraux plus sains dans le lagon de Bel-Ombre qui abrite plus de 70 espèces de poissons.

Quel est le rôle de la Bel-Ombre Nature Reserve dans la promotion du tourisme durable ?
Le tourisme revêt une importance cruciale pour le pays, ce qui rend primordial le maintien de l’attrait de la destination en préservant nos atouts. Cela, en offrant aux visiteurs une expérience harmonieuse, cohérente, authentique et durable.
Nous avons été particulièrement heureux d’apprendre que la région de Bel-Ombre a été nommée en octobre dans le Top 100 Stories des Green Destinations, ce qui est une reconnaissance de nos efforts, même si nous ne sommes encore qu’au début de notre parcours.

Comment la Bel-Ombre Nature Reserve équilibre-t-elle la préservation de l’environnement avec les activités touristiques ?
D’une part, la Bel-Ombre Nature Reserve offre un sanctuaire pour les espèces qu’elle protège avec des zones spécifiques inaccessibles au public pour assurer la conservation des espèces les plus sensibles. D’autre part, elle ouvre ses portes au public pour des visites guidées axées sur l’éducation à la biodiversité. Les visiteurs ont ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur des espèces endémiques rares comme le Bois d’Ébène et le Bois banane.